Weaving Retreat 2023
Projet Universitaire - Yorkshire Royaume-Unis
Pour le premier projet de notre dernière année, nous avons été encouragés à explorer le thème des souvenirs et à concevoir un espace au sein des ruines existantes du corps de garde de l’Abbaye Roche. Le projet nous demandait d’intégrer un concept visant à préserver un savoir-faire en voie de disparition au sein de notre bâtiment ; parmi les trois options proposées, j’ai choisi le tissage.
En réponse à cette thématique, j’ai d’abord centré ma réflexion sur le concept du Wabi-sabi, en dévoilant l’histoire, les défauts, les souvenirs du site ainsi que l’imperfection humaine liée au tissage. J’ai ensuite mené une étude approfondie du tissage – ses outils, ses processus et les artisans qui le perpétuent – afin de développer un langage architectural capable d’évoquer les émotions associées à cette pratique. En plus de cela, j’ai exploré la relation holistique entre maître et disciple, mêlant ainsi la préservation du savoir-faire à la transmission des connaissances, à l’image des traditions autrefois ancrées dans l’Abbaye. Cela m’a conduit à concevoir un espace profondément enraciné dans son histoire, favorisant un sentiment de respect et de connexion aux origines du lieu.
Au-delà du tissage, j’ai élargi le projet pour y intégrer d’autres activités et savoir-faire, transformant l’espace en un véritable refuge où la créativité naît non pas d’une passion unique, mais de la fusion de multiples disciplines, créant de nouveaux souvenirs. Fabrication de maquettes de bateaux, kayak, musique et immersion dans l’environnement naturel viennent ainsi enrichir l’expérience et offrir aux visiteurs un cadre propice à l’exploration artistique et sensorielle. Comme je le fais souvent (mais pas toujours), j’ai intégré mes propres souvenirs au projet, renforçant ainsi encore davantage la thématique de la mémoire en y ajoutant celle du designer. En tissant mes expériences personnelles au sein de ce projet, j’ai ajouté une nouvelle couche de profondeur et de complexité, faisant de cet espace un véritable hommage à la mémoire et à la transmission.
Outils de tissage personnalisés en bois d'olivier, faits à la main, inspirés de la chaise Artona de Tobia Scarpa.
Une ode à la Côte D’azur
Ici, je fais référence aux souvenirs que j’ai insufflés dans le projet, empreints de la chaleur et de la nostalgie de mon enfance : les chasses aux œufs de Pâques sur les Îles de Lérins, les descentes en canyoning à travers le Riou ou les Gorges du Verdon, et cette sensation de sérénité après une baignade dans le lac de Saint-Cassien ou dans la piscine, la peau réchauffée par le soleil tandis qu’une douce brise marine fait danser les aiguilles du pin parasol, accompagnée du chant rythmique des cigales. Je me remémore le murmure delicat des fontaines de village, dont les mosaïques scintillent sous la lumière, les nuits vibrantes de la Fête de la Musique, la beauté brute des randonnées à travers la Vallée des Merveilles, et la lueur dorée de la maison de mon enfance, où le soleil filtrant à travers ses rideaux orangés baignait toute la pièce d’une teinte ambrée, au son du piano de ma mère.
À travers ce projet, j’ai cherché à capturer et fusionner mon amour pour les paysages côtiers de ma région avec la beauté contrastée de ses forêts et montagnes. Je me suis inspiré des couleurs et des ombres du pin parasol pour créer des teintes douces et changeantes qui en reflètent l’essence, tout en intégrant la forme structurée du métier à tisser. Le design fait écho à l’imagerie des voiles et des cordages des petits ports, établissant un lien entre l’acte de tisser et l’art ancestral de la fabrication de voiles. Enfin, l’espace s’ouvre sur la rivière, évoquant la sensation d’être dans les Préalpes ou les Oliveraies, entouré de fleurs sauvages et porté par la même brise légère, créant ainsi une connexion immersive entre l’architecture et la nature.Si j’avais eu plus de temps, j’aurais certainement ajouté une roue à huile d’olive, un clin d’œil à mon enfance bercée par les oliviers, l’huile et les meules.
Prototype de la lampe de table par Bijoy Jain pour Maniera 06, Studio Mumbai, 2019
Mon endroit préféré sur l'Île Sainte-Marguerite, tout près de là où j’ai grandi
